PIEUX SUINTANTS

Ne les abattez pas, ces pieux édifices,
Où le cœur vient fermer ses vieilles cicatrices.

Léon Halévy, 1837, livre d'or de Jumiège


"De toutes parts, ce lieu célèvre est entouré d'eau…

La Seine y décrit une courbe de trois milles, et s'avance paresseusement dans les cinq et même les huit bras dont se compose son cours… Tantôt en montant, le mer y vomit, tantôt elle s'arrête et rentre dans son lit…

Ce qu'il y a de plus extraordinaire - et que jamais on n'a ouï dire - c'est l'avantage qu'apporte la capture des monstres marins ; avec des harpons, des pals, des filets, en barque on en prend de cinquante pieds de longs. Leur chair nourrit les frères, l'huile de leur graisse chasse les ténèbres. Chose étonnante ! L'eau, qui naturellent éteint le feu, procure ici la graisse qui alimente la flamme de la lampe."


Plus étonnante encore, l'attention aujourd'hui protée aux "PIEUX SUINTANTS", ceux-là même qui véhiculent la lumière et dont les cicatrices secrètent goudrons et gommes.

Provisoirement entreposées dans l'ancienne dépendance, au centre de l'abbaye de Jumièges, ces substances végétales, RÉSINE D'OR et SANG-DRAGON attestent depuis les écrits d'Ermentaire d'une métaphysique des gemmes, laques d'inquiétantes étrangetés…



Extrait de l'indroduction de la "Vie de Saint-Philibert"
En des termes enthousiastes, au début de IX siècle, le moine Ermentaire décrit le site de Jumiège, les richesses du fleuve, et évoque une "distribution ou dépendance" de ÂMES en sections sérielles et dérivées.